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Le Projet Yarkon, symbole de l’audace d’Israël en matière d’écologie

Le « projet Yarkon » est un exemple emblématique de la gouvernance responsable des ressources naturelles et du développement durable d’Israël depuis 1988. Ce projet fait partie d’un projet national de grande échelle destiné à restaurer l’ensemble du système hydrographique global d’Israël : réseaux des nappes souterraines et réseaux superficiel (rivières, lac de Tibériade, Mer Morte).

Le programme de restauration de l’ensemble des réseaux hydrographiques d’Israël est fondé sur l’utilisation de ressources produites en eaux douces par le dessalement.

L’action s’effectue progressivement en trois étapes :

  1. Stopper toute entrée de polluants dans le/la fleuve /lac/rivière/nappe souterraine
  2. Restaurer cet élément et le ramener à l’état qui était le sien avant d’être pollué
  3. Le transformer en un site de re-création de la population grâce à un environnement riche en biodiversité végétale (végétation luxuriante, algues et planctons dans des pièces d’eaux) et animales (oiseaux, poissons…), riches en eaux vives (50 millions de m3/an ont été affectés pour faire vivre les fleuves /rivières en été).

Nous allons montrer dans cet article comment le projet de restauration du fleuve Yarkon et de son environnement est conduit en Israël en tenant compte de :

  • Toutes les exigences du concept “euro-américain” du développement durable (suivant la définition de Hans Jonas)
  • D’exigences supplémentaires nouvelles concernant le renforcement des liens avec les générations passées proches ou lointaines

Parc Ganéi Yehoshou’a aujourd’hui-Les 12 monuments de pierre témoins de la traversée du Jourdain à Jéricho des 12 tribus (Bible Hébraïque “Josué”)

Le fleuve Yarkon

Le Yarkon est le fleuve central de la métropole “Tel Aviv” ; c’est le fleuve le plus long en Israël parmi les fleuves de la Côte Méditerranéenne (28km). Son bassin s’étend sur 1,800 km2 et comprend une partie des Monts de Judée et de Samarie. Il prend sa source en superficie du sol, dans la région de ROSH HA ‘AIN après avoir drainé en écoulement souterrain une partie importante des précipitations des régions de Samarie et de Judée.

L’importance du débit a provoqué la création d’inondations et de zones insalubres dans la région de son bassin. Il a été pollué durant des dizaines d’années par des rejets d’égout urbains et d’eaux résiduaires industrielles quelquefois toxiques à partir de 22 centres urbains et industriels développés le long de son parcours.

Parcours du Fleuve Yarkon

La restauration des régions inondées et/ou insalubres

Dans une toute première étape effectuée immédiatement après la création de l’Etat d’Israël, l’insalubrité du bassin du Yarkon a été résolue par la création d’un système de canalisations permettant le transport régulier de tous les excédents de débit résurgents de l’écoulement souterrain vers la région Ouest du désert du Néguev ; Cette opération elle -même a été effectuée dans le cadre d’un grand projet national de lutte contre la désertification ,de la récupération progressive de terres nouvelles reconquises sur le désert et du développement agricole intensif des espaces reconquis.

Cette première étape a permis le démarrage de la prise en compte de la

  • “Responsabilité envers les besoins de la population entière : habitants du bassin du fleuve, et agriculteurs du Néguev présents ou futurs,
  • Des besoins des générations futures : lutte contre la désertification et restauration de régions reconquises sur le désert pour en faire des espaces « vitaux »
  • De sa dimension écologique : arrêt des sources d’insalubrité et restauration des terres inondées tout en recherchant une harmonie entre l’homme et la nature en améliorant de façon sensible la qualité de l’environnement du fleuve.

Mais elle laissait non résolue les problèmes engendrés par la pollution du fleuve.

La cessation des écoulements d’eaux résiduaires

Cette étape a duré deux années :la plus grande partie des eaux usées qui se déversaient dans le fleuve ont été raccordées à l’Usine d’épuration des eaux usées du Syndicat Multi-Urbain de la Région dans le cadre de laquelle elles ont été traitées jusqu’à un niveau “quasi potable” et ont été transférés pour l’irrigation agricole des centres de développement agricole du Néguev Occidental. Toutes ces sources de liquides polluants ont cessé de se déverser dans le Yarkon et ont constitué des ressources en eaux nouvelles pour reconquérir et faire fleurir le désert du Néguev.

Cette étape a permis la prise en compte

  • De la “responsabilité envers les besoins de la population entière : habitants du bassin du fleuve, et agriculteurs présents et futurs du Néguev,
  • Des générations futures : lutte contre la désertification et restauration de régions reconquises sur le désert,
  • De sa dimension écologique : arrêt du rejet de polluants et recherchant une harmonie entre l’homme et la nature (en améliorant de façon sensible la qualité de l’environnement du fleuve).

Mais elle laissait non résolue les problèmes engendrés par la dégradation du lit du fleuve suite au rejet de polluants durant des dizaines d’années.

La restauration des zones endommagées par les écoulements pollués

Elle s’effectue à partir de 1988 en étant dirigé par un “Office du Fleuve Yarkon”.

Cet Office comporte des représentants des pouvoirs locaux, des experts en traitement des eaux, des spécialistes de la protection de la nature et de la restauration de fleuves.

En 1996, un programme général de restauration du fleuve a été approuvé ; ce programme comporte en particulier le développement de pôles de re-création, de tourisme et de restauration de la végétation avec des multitudes de sentiers de promenade et de ponts aménagés pour des promeneurs et cyclistes.

Ce programme comporte l’injection d’eaux douces de 250 millions de m3 par heure jusqu’en 2004 puis 400 millions de m3/heure à partir de cette date, pompées dans les réserves souterraines dans la région ou le Yarkon prend sa source et la réalisation de bassins écologiques pour épurer les eaux et les boues déposées dans le lit. Il ne suffit pas de stopper tout du rejet d’eaux usées et d’attendre la fin du rejet a la mer des eaux polluées pour éliminer tout risque de pollution du fleuve : par exemple le sol du lit du fleuve peut provoquer lors de tourbillons la flottation d’impuretés polluantes et toxiques ; il est donc indispensable de s’organiser pour surveiller sans relâche la pollution des écoulements et intervenir pour la stopper : c’est ce qui a été fait depuis 1990.A ce jour, nous sommes parvenus à obtenir deux zones du fleuve bien restaurées de l’effet pollution

  1. La zone amont lors de l’écoulement souterrain en Samarie et de l’écoulement superficiel de Rosh Ha ‘Ain ou le Yarkon surgit jusqu’à la partie centrale du Yarkon (un tiers environ du fleuve).

Dans cette zone a été restauré le site historique de TEL AFEQ et celui adjacent des sources du Yarkon. Ce site a été habité depuis l’époque chalcolithique jusqu’à l’époque romaine et avait été choisi par le roi Hérode pour y construire en l’honneur de son père la ville d’Antipatris.

Cette restauration a comporté le développement d’un parc, la création d’une pièce d’eau peu profonde avec de multiples poissons chats destinés aux oiseaux migrateurs et la restauration de sites historiques de différentes époques y compris une citadelle construite par le Sultan Ottoman SELIM II (ci-dessous).

Le Yarkon en amont

  1. La zone aval du Yarkon central au déversement a la mer (un tiers environ du fleuve).

Le Yarkon en aval

Cette étape a permis de re-créer un fleuve sur près de 2/3 de son parcours permettant aux habitants de la métropole d’en profiter (baignades en amont, aviron en aval) et aux habitants à proximité de ces zones de bénéficier d’un environnement sain et agréable.

Mais elle laissait non résolue les problèmes engendrés par la dégradation du lit du fleuve dans la partie centrale de l’écoulement suite au rejet de polluants durant des dizaines d’années.

La restauration de zones spécifiques et leur transformation en zones de re-création de la population

A partir de 2011, il a été décidé de se concentrer dans la restauration de sites spécifiques sur le Yarkon ou dans son environnement.

La gouvernance de ces sites s’est effectuée conformément aux principes du développement durable tel qu’il a été défini en Israël, c.a.d. comportant en addition aux exigences de l’approche euro-américaine des exigences concernant :

  • Le renforcement des liens avec le passé en restaurant les éléments historiques et en conduisant des fouilles archéologiques sur une période de 5000 ans.
  • L’enrichissement des sites pour en faire des endroits de promenade et de re-création, de tourisme grâce à la multiplication de la biodiversité en végétation de toutes natures aquatique ou continentale, de poissons et d’espèces aquatiques de toute nature, d’oiseaux de toutes nature y compris d’oiseaux migrateurs.

L’utilisation de bassins écologiques

Un « bassin écologique » est un bassin de retenue peu profond rempli de l’eau du fleuve pollué et de graviers sélectionnés pour constituer des supports de développement de films bactériens moteurs de l’épuration biologique des eaux.

Ces bassins permettent à l’action solaire de photosynthèse de transformer la pollution organique en algues et planctons qui servent à leur tour à développer la biodiversité du fleuve (végétation, poissons et espèces vivant dans l’eau et oiseaux de toutes sortes. Ces « bassins écologiques » sont calculés et conçus pour ne pas produire de gène à leur environnement mais au contraire pour constituer des zones de loisir et de tourisme ouvert à tous les publics avec des surfaces plantées de milliers d’arbres, ou vivent et se reproduisent des milliers d’oiseaux et dans lesquelles les vestiges historiques sont restaurés.

Bassin écologique

Ci-dessous quelques exemples de sites restaurés et enrichis

Le site CHEVA’ TAHANOT (« les 7 meules »)

Il s’agit d’un site historique situe à l’Ouest de de la zone centrale du fleuve avant le début de la zone aval.

Ce site était à l’époque ottomane un centre régional dans lequel ont fonctionné au moins onze meules destinées à moudre le blé en farine ; ces meules étaient mues par l’énergie hydraulique de la chute du courant, après un barrage. Parmi ces onze meules, sept d’entre elles fonctionnaient dans la zone ouest et ont donné au site son nom.

En 1936 les meules cessèrent de fonctionner et le site fut abandonné.

La restauration a commencé dans les années 1990 avec le nettoyage du barrage et la restauration du pont en bois qui permettait de traverser le fleuve. En 2004 a été créée un bassin écologique et le site a été aménagé pour devenir un lieu de promenade dans le Parc Ganei Yehoshou’a. Des programmes plus ambitieux comportent la transformation du site pour lui rendre l’apparence de ce qu’il était à l’époque où il fonctionnait.

Le pont de pierre et le barrage restaurés.

Le parc ROCH TSIPOR (Tête d’oiseau)

Ce site tient son nom du développement exceptionnel de la biodiversité réussi, incluant le passage de dizaines de milliers d’oiseaux migrateurs et de la réalisation d’une station d’observation ornithologique permettant de les observer.

Il se situe sur la rive gauche du Yarkon sur une surface de 30,000 m2. Dans ce site ont été réalisés des retenues d’eaux du fleuve destinées à être épurées. Ces pièces d’eaux occupent près de la moitié de la surface du site et comprennent un lac avec à son centre une ile et des canaux marécageux ; le long des berges des pièces d’eaux ont été créés des centres d’élevage de poissons, des zones destinées à la reproduction et à l’élevage d’oiseaux et au développement d’espèces de végétation particulières sélectionnées pour que l’ensemble constitue un site favorable au développement d’une biodiversité extrêmement riche.

Les eaux circulent grâce à des systèmes de pompage et de recyclage et reproduisent l’écoulement hydraulique des zones naturelles. Les circuits des écoulements ont été remplis de graviers pour reconstituer les conditions écologiques naturelles comportant des galets de lits de rivières : sur ces graviers se développent les films de micro-organismes responsables de l’épuration des eaux. Toutes ces zones destinées à créer artificiellement un environnement favorable au développement d’une biodiversité extrêmement riche ne sont pas accessibles aux visiteurs.

Lac artificiel créé dans le Parc ROSH HA TSIPOR

Centre d’observation ornithologique de Parc Rosh Tsipor

Création d’un système écologique marécageux

Vu d’avion du Parc Rosh Tsipor

Le Parc « Ganéi Yehoshou’a » (les jardins de Josué)

Le Parc GANEI YEHOSHOU’A est un immense parc situé le long du Yarkon au nord de Tel Aviv sur une surface de 350 ha est désigné en référence à Yehoshou’a RABINOVITCH ancien maire de Tel Aviv et ultérieurement Ministre des Finances. Le Parc a été conçu à partir des années 60 et développé régulièrement depuis

Le parc conçu depuis la création de l’Etat en 1948 par Ben Gourion en tant que poumon naturel des habitants de Tel Aviv comporte des réalisations écologiques destinées à en faire une zone de re-création, de loisirs et de tourisme pour toute la population et pour permettre un mieux-être aux générations futures : en voilà quelques exemples parmi plusieurs ;

Les bassins des nénuphars.

Ces bassins d’une grande beauté sont recouverts d’une végétation ou domine le nénuphar jaune. Ils sont accessibles aux promeneurs à pied ou en vélo.

Bassin de Nénuphars

Le Jardin des Rochers :

Il s’étend sur 40,000 m2 au milieu du parc cet y sont exposés des rochers venus de tout le pays du Mont Hermon au port d’Eilat. Entre les rochers ont été développés des types de végétation qui ont été sélectionnés de tout le pays telles que des arbres des bois d’Israël (chêne du Tavor, bouleau « médical » …), des fleurs qui ne fleurissent qu’une fois tous les deux ans, des fleurs a tubercules, des anémones, cyclamens, …

Le Jardin des Cactus

Il comporte une surface de 26,000 m2 dans laquelle sont plantes près de 50,000 cactus appartenant à près de 3500 espèces sont exposés.

Au profit du promeneur à pied ou en vélo ont été créées beaucoup d’autres attractions ; telles que le jardin taillé (en dessous à gauche), le jardin tropical (en dessous à droite), le tour en montgolfière, la forêt primitive en lianes, …

Conclusion :

Le développement d’Israël sur les 40 premières années s’est effectué sans tenir compte suffisamment des exigences du développement durable ; des préjudices ont été causés aux réseaux hydrographiques, a la qualité de l’environnement et au bien-être de la population.

A partir de 1988, une approche originale et résolue a permis non seulement de mettre un terme aux facteurs ayant causé ces préjudices mais de restaurer les ressources naturelles endommagées ; mieux ces sites ont été transformés en espaces de re-création pour la population actuelle et à venir.

La qualité de la gouvernance des ressources naturelles et de l’environnement d’Israël est exceptionnelle : les projets sont conçus à long terme et sont l’objet d’améliorations en permanence pour permettre à la population actuelle et les générations futures de bénéficier d’un espace harmonieux avec la nature et d’un mieux-être.

Ezra Banoun
Février 2018

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