Histoire d’une Alyah: 1904-1914, Europe de l’Est-Russie.
La période est mouvementée pour les juifs à cette époque, le traumatisme du Pogrom de Kishinev en 1903, la défaite de la Russie contre le Japon et la révolution russe de 1905 qui va relancer à nouveau les pogroms, vont forcer les juifs à trouver refuge dans les pays occidentaux (Selon plusieurs estimations, 2,5 millions de Juifs auraient quitté la Russie pendant les pogroms, pour beaucoup le pays refuge sera les Etats-Unis ) dont quelques un en Eretz Israël.
Après celle de 1882, on parle alors d’une nouvelle vague d’alyah.
Mais à cette même période, le mouvement sioniste connait aussi des difficultés, et mise à part les conflits entre la première et la deuxième alyah quelques années plus tard, la controverse du plan Ouganda et la mort d’Herzl en 1904 contribuent à fragiliser le mouvement.

Die Wielt, journal sioniste, publie en 1903 l’annonce de soutien du ministère des affaires étrangères britannique au plan Ouganda.
Contrairement à la première grande vague d’alyah, durant la deuxième alyah monte une jeunesse socialiste – dont les membres sont souvent célibataires- qui s’est battue dans l’autodéfense juive en Russie.
Arrivée en Eretz Israël, cette jeunesse va politiser le Yishouv, citons entre autre la création de deux partis en 1905 : Poalé Tsiyon et Ha-Poël hatsaïr ( les deux partis qui formeront le très célèbre Mapaï 25 ans plus tard ).
De cette jeunesse juive immigrante, on peut trouver David Grün et Itzhak Ben Tsvi.
David Grün deviendra le premier ministre de l’Etat d’Israël et sera connu sous le nom de David Ben Gourion, Ben Tsvi deviendra le Président du futur état juif après Haim Weizman.

Ben Gourion dans sa jeunesse.
Mais les nouveaux immigrants ne vont pas s’en arrêter là, ils vont promouvoir la conquête du travail ( Kibush Ahavoda ), le “nouveau juif ” maître à présent de son destin doit être en même temps l’entrepreneur et la main-d’oeuvre, le concept de la avodah ivrit (travail hébreu) est né.
Ce concept encourage l’emploie de la main d’oeuvre juive à celle arabe, afin de favoriser l’immigration des premiers et de limiter l’immigration des seconds, attirés par le nouveau dynamisme de la région.
La seconde alyah conduit aussi à la création des premiers Kibutzim, “Kvoutzot” comme on les appelle à l’époque, soit des villages collectivistes d’influence socialiste.
Degania, premier d’une longue série de Kibboutzim, situé aux bords du lac du Kineret (Tiberiade) sera créé en 1910.

Oum Johny en 1910, bientôt Degania, symbôle de la réussite du Kibboutz.
Mais le sionisme comme mouvement nationaliste n’est pas le seul à se développer, et d’après Kirsten E. Schulze, le premier mouvement arabe nationaliste apparait dès 1875 par le travail intellectuel d’anciens étudiants de l’Université Americaine de Beyrout.
Selon lui trois éléments ont accentué ce sentiment nationaliste par la suite :
1. L’occupation Ottomane et la révolution des Jeunes Turcs en 1908.
2. L’influence et le contrôle des puissances coloniales européennes sur les ” terres arabes “.
3. La compétition et l’intéraction avec le mouvement sioniste.
Notons que le premier congrès arabe est organisé en 1913 à Paris, 16 ans tout juste après le premier congrès sioniste.
L’historien nous affirme toutefois que ce nationalisme là ne s’est véritablement développé qu’après le mandat britannique sur la Palestine, et après que la population arabe locale ne ressente un réel danger de la part du mouvement sioniste.
La seconde alyah va aussi changer fondamentalement le Yshouv par la création en 1907 par Israel Chorat du mouvement secret Bar Giora duquel émergera l’organisation du “Achomer “en 1909 ( ” le gardien “) pour une garde juive des mochavim et kibboutzim, alors gardés par des bédouins et autres communautés non juives.
Une autre organisation para-militaire voit le jour à Zihron Yaakov en 1913 : les “Guidonim” ancêtre de l’organisation d’espionnage NILI.

Israël Chorat, l’un des fondateurs de Bar Giora et de l’organisation “Achomer “.
À la fin de cette grande vague d’alyah, les juifs représentent 10% de la population en Eretz Israel (les chiffres varient, grosso-modo 60,000 juifs pour 600,000 arabes).
En 1914 l’alyah s’arrête, la guerre mondiale éclate.
L’empire Ottoman fera le choix du Reich, perdra, et sera démantelé.
Le mandat britannique prendra alors acte 2 ans après la guerre.
1. Akadem, Propos de Simon Epstein: “L’Alya, un bouleversement”.
2. Akadem: Pogrom de Kishinev, david ben gourion
3.
http://www.moia.gov.il/French/FEELINGISRAEL/ABOUTISRAEL/Pages/aliya2.aspx
4.
https://m.youtube.com/watch?v=w2yber3ty7o
5. Schulze Kirsten E., ” The Arab-Israeli Conflict”.
6. אטינגר שלום, הציונות, הבעיה הערבית והמנדט הבריטי
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