Le processus originel d’intégration des ‘olim a été mis au point dès les premières aliyot du XIX ème siècle; ce processus, appliqué durant les 30 premières années de l’Etat d’Israël, a été remis en cause grâce à la lutte des communautés judéo-arabes. Aujourd’hui les ‘olim s’intègrent à la culture judéo-israélienne sans avoir à renoncer à leur culture d’origine. En parallèle l’intégration progressive de ‘olim de cultures diverses permet à la culture judéo-israélienne de s’enrichir des apports culturels des ‘olim et d’acquérir une dimension plus universelle.

Le modèle original de l’intégration
Les aliyot comportent des olim de cultures extrêmement différentes: judéo-russe, judéo-yéménite, judéo- polonaise, judéo-hispanique, judéo-roumaine, judéo-grecque, judéo-bulgare, judéo-irakienne, judéo- marocaine, judéo-kurde, judéo -européenne, judéo-hassidique, judéo- harédique ,judéo-hindoue , judéo-égyptienne, judéo-turque, judéo- boukharie, etc.
Qu’est-ce qu’”un juif de type nouveau”?
A l’origine, la plus grande partie des mouvements sionistes se voulaient ” révolutionnaires” ; leur objectif était de procéder à la renaissance/ reconstruction de la nation israélienne à partir de la création d’un “juif de type nouveau” ayant rompu ses liens avec sa culture passée.
Ce “nouveau juif” devait avoir une culture complètement “nouvelle”, de modèle laïc en se coupant de ses racines religieuses, s’exprimant exclusivement en langue hébraïque en évitant sa langue maternelle, après “épuration” des cultures et des pratiques religieuses de l’exil telles que les cultures yiddish, ladinos, judéo-arabes, judéo-hassidiques, judéo-grecques, …etc. et en substituant à son patronyme un nouveau nom a consonance biblique, sans lien avec son passé spécifique . De plus il devait renoncer à pratiquer des métierstels que boutiquiers, commerçants et artisans urbains et devenir “agriculteur” malgré son absence totale d’expérience professionnelle dans ce domaine.
Les principes de la création de l’Etat des ” sionistes révolutionnaires”
L’état d’Israël a été construit par la coalition des mouvements sionistes révolutionnaires comme un état “extrêmement centralisé” dans le cadre duquel les membres des partis dirigeants contrôlent un Syndicat Tout-Puissant a même d’imposer qui recruter et qui non et dans le cadre duquel la plupart des entreprises de l’économie sont des monopoles publics contrôlés par les membres du même parti dirigeant. Sur la base de ce modèle social de type marxiste, s’est développée une culture vantant avec nostalgie le dévouement et le courage “légendaire” des pionniers des kibboutzim et l’héroïsme des soldats du passé d’Israël mais qui en parallèle se refuse d’accepter les juifs du présent en Israël, tels qu’ils sont et tels qu’ils souhaitent être.
La confrontation de l’Etat Centralisé avec les ‘Olim d’après la création de l’Etat
Lemodèle“juif de type nouveau“ a été rejeté quasi de façon unanime par la alya massive qui a suivi la création de l’Etat durant les 30 premières années de son existence. Concrètement, la volonté du parti dirigeant et de ses soutiens sociaux, d’utiliser les moyens de l’Etat centralisé et tout –puissant, pour imposer aux ‘olim, par des pressions sociales économiques et politiques, d’adopter ce modèle comme condition indispensable de promotion sociale a créé les conditions d’une révolte populaire contre l’establishment “socialiste” et les monopoles.
Les mouvements dirigeants du pays sont parvenus à l’inverse de leurs objectifs: suspicion populaire envers les dirigeants, fractionnement de la société en groupes étrangers l’un a l’autre, création d’ilots de pauvreté dans tout le pays et incapacité des élites à développer le pays et à faire face aux menaces lors de la guerre de Kippour durant laquelle le pays a été sauvé grâce à des actes d’héroïsme individuel (en particulier le colonel Kahalani au Nord et le général Sharon au Sud).
Le sort injuste réservé aux olim de culture judéo-arabe et particulièrement à ceux venus du Maroc.
Les juifs israéliens de culture judéo –arabe, et en particulier ceux venus du Maroc, ont constitué une cible-symbole des injustices de la politique d’intégration ratée de l’establishment israélien; en suite à leur refus de prononcer les lettres gutturales de l’hébreu comme le faisaient les “israéliens intégrés”, les israéliens de culture judéo-arabe se sont distingués par leur attachement à la tradition religieuse parentale et la plus grande partie a conservé leur patronyme à consonance arabo-juive.
Les membres des communautés judéo-marocaines , après ceux des communautés yéménites , se sont retrouvés accusés par l’establishment de “paresse” et d’”incapacité à s’adapter à la vie sociale moderne”; ces accusations étaient destinées à justifier les discriminations dont ils étaient l’objet; par voie de conséquence ces communautés ont constitué des noyaux d’ilots urbains de pauvreté dans les villes et à la périphérie d’Israël dans les “villes de développement “avec un fort taux de chômage et de stagnation sociale.
La révolte, les manifestations et les émeutes des olim de culture judéo- marocaine
La série de manifestations de rue et d’actes de vandalisme dans le quartier de Wadi Salib a Haïfa en 1959, les “événements de Wadi Salib”, étaient une révolte sociale contre la discrimination ethnique, et contre le Mapai, parti dirigeant a cette époque.es incidents violents, ont éclaté une nuit de juillet 1959, après qu’un policier ait tiré sur un homme saoul du quartier désolé. L’homme a reçu une balle dans la jambe, mais des rumeurs qu’il avait été tué ont commencé à circuler. Le lendemain matin, des centaines de manifestants ont protesté à l’extérieur du poste de police local. Mais la protestation pacifique a dégénéré en émeutes, entraînant des fenêtres brisées et des pillages à travers des quartiers plus riches de Haïfa.
Le mouvement des Black Panthers est un mouvement de protestation sociale contre le traitement des Juifs de culture judéo-arabe , fondé par Saadia Marciano et Réouven Abergel, sur le modèle du groupe afro-américain des Black Panthers luttant contre la discrimination des Noirs des Etats Unis par l’establishment américain .Le mouvement débuta en 1971 à Mosrara, dans le voisinage de Jérusalem.L’incompréhension autiste des autorités est résumée par la phrase de Golda Meir à l’époque Chef de l’Etat “ils ne sont pas gentils”.

L’idéologie de la lutte contre l’establishment jusqu’au renversement politique.
La cause pour laquelle luttaient les membres des communautés de culture judéo-arabe ” ‘égalité de chances pour tous les israéliens” contre le monopole des pouvoirs de l’establishment a mobilisé progressivement la plus grande partie des membres des alyot venues après la création de l’état et une partie de la population des anciens ne partageant pas les idéaux socialistes des partis dirigeants.
Sur le plan politique le Parti Likoud a réussi d’avoir sur la base d’un message anti-establishment, libéral et nationaliste le soutien des membres des alyot qui se sentaient discriminées.
En parallèle l’establishment socialiste a été attaqué en tant que membres de castes “ashkénazes socialement favorisées” monopolisant tous les pouvoirs au détriment des israéliens mizrahim (orientaux). Cette idéologie a rallié à la cause de la lutte contre l’establishment socialiste la plus grande partie des sépharades du pays. La victoire politique a eu lieu lors des élections de 1977 ayant porte le Likoud au pouvoir sous la direction de Menahem Begin. L’ère du monopole du pouvoir par les partis dirigeants socialistes avait pris fin.
La révolution sociale réalisée
L’obligationqu’avait cherché à imposer les partis dirigeants aux ‘olim de devenir des israéliens de type nouveaux rompant avec leurs racines, leur culture, leurs tradition et leur langues a été définitivement abandonnée. Dans les rues d’Israël, on entend le russe, l’arabe, le yiddish, l’anglais, etc. Il y a des théâtres donnant des spectacles en russe et en yiddish et des chaines de télévision en russe et en amhari.

Sur le plan artistique, les danses traditionnelles judéo- yéménites et judéo-kurdes ont été mises à l’honneur. La chanson dite ” méditerranéenne” avec des mélodies judéo-grecques et judéo-arabes a conquis une place aussi importante que la chanson israélo -hébraïque traditionnelle. De grands chanteurs israéliens ont traduit leurs chansons en arabe et ont obtenu des succès d’audition inespérés en Israël et dans les pays arabes. Des chansons en arabo-marocain sont apparu et une actrice israélienne de renom vient qu’elle est heureuse de préparer un récital ou elle chantera en arabe les succès de Om Khalsoum. La société israélienne a réellement changé et s’est enrichie culturellement et est en marge d’intégrer des communautés jusqu’à ce jour se tenant à l’écart les harédim et les arabes d’Israël.Sur le plan économique, les monopoles d’Etat ont été remis en cause progressivement, les organisations parapubliques ne représentent plus que 1/3 des activités du pays et le pays a été ouvert à la concurrence mondiale ce qui a permis une croissance rapide et soutenue à partir de 1990.
Le processus d’intégration aujourd’hui et ses enjeux
Depuis 1990 sont montés en Israël des dizaines de milliers de ‘olim de culture différente de toutes celles que le pays avait connu : la communauté des juifs d’Ethiopie de culture amhari et qui avaient vécu pour la plupart au Gondar région pauvre à l’ écart de la vie urbaine moderne. Aujourd’hui nous devons soutenir et encourager l’intégration de nos frères d’Ethiopie ce qui enrichira notre société.
L’enrichissement de la culture judéo -israélienne résultant de l’intégration des cultures des ‘Olim.
La très grande chanteuse israélienne ‘Ofra Hazah s’est mise à chanter en arabe yéménite et a composé des spectacles avec ballets de danses traditionnelles judéo -yéménites qui ont eu un succès international! La culture israélo -hébraïque s’est enrichie et devient plus universelle. Ci-dessous You Tube de Kalbi (“Mon cœur” en arabe).
Ezra Charles Banoun – https://www.alyah.fr/article/442/Un+parcours+exemplaire+%3A+Des+mines+de+Paris+%C3%A0+la+direction
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