Ce témoignage super instructif se rapporte à une composante méconnue de l’Alyah de France : celle des élèves de Grandes Ecoles venus en Israël par centaines chaque année à partir de 2002 (1). Il montre aussi comment un brillant élève de l’X, venu pour un stage temporaire, change progressivement son approche au contact de l’environnement israélien et participe au lancement d’une START UP en Israël.

Ezra(2):Merci cher Yonathan d’avoir accepté de répondre à nos questions et de partager avec nous ton chemin en Israël afin que d’autres jeunes de France suivent ton exemple et nous rejoignent pour y faire / achever leurs études supérieures bien s’y intégrer et s’y épanouir. Pourrais –tu tout d’abord te présenter?
Yonathan : Je suis venu en Israël il y a 5 ans à l’âge de 24 ans. Le but de mon séjour, que j’envisageais temporaire, était de réaliser un stage(3) au TECHNION (4) à Haïfa (5) dans le domaine des mathématiques appliquées à la finance(6). sujet sur lequel j’avais concentré mes études. J’avais eu un parcours classique, Math-sup, Math-spé puis Grande École d’ingénieur(7).
Ezra: Mais tu n’es pas reparti en fin de stage. Que s’est-il passé?
Yonathan: Au début du stage, le professeur avec qui je travaillais m’a conseillé de m’intéresser à la bio-informatique, et d’utiliser les outils de mathématiques financières pour analyser des données médicales afin de pouvoir aider à dépister le cancer. J’ai tout de suite aimé l’approche proposée et me suis rendu compte de l’originalité et de l’intelligence des chercheurs en Israël 8).
Ezra: Qu’as-tu fait?
Yonathan: J’ai décidé de prolonger mon stage en Master, puis en Doctorat, en me focalisant sur l’analyse des objets en 3D (9).
Ezra: Ou en es-tu après cinq ans?
Yonathan: J’ai récemment fini mon Post-Doc et j’ai trouvé un emploi dans la High-Tech, qui touche à mon domaine. En parallèle, avec des amis, nous avons monté une start-up où nous essayons de suivre les traces des grandes réussites de la Start-Up Nation(10). J’ai aussi rencontré ma femme(11) dans ce merveilleux pays, à Tel Aviv, ville que j’apprécie particulièrement et dans laquelle j’habite (12).
Ezra: Cherches-tu a aider les olim récents?
Yonathan: Je mets un point d’honneur à aider tous les français qui souhaitent monter en Israel, et en particulier les anciens de Grandes Écoles qui ont un parcours similaire au mien et qui souhaitent s’insérer dans la vie professionnelle Israélienne ou compléter leurs études; étant passé par là, je suis plus à même de les orienter.
Ezra: Comment définis-tu la Alyah du XXI ème siècle?
Yonathan: On assiste aujourd’hui à une jeune Alyah de “qualité”. Hormis ceux qui fuient l’antisémitisme, ou ceux qui viennent pour des raisons idéologiques, beaucoup de nouveaux immigrants, décident de venir s’installer en Israël pour y apprécier la qualité de vie.
Ezra: Et l’ALYAH récente à partir de 2013?
Yonathan: La nouvelle Alyah de masse, regroupe familles, retraités, mais aussi (et c’est relativement nouveaux) jeunes diplômés des meilleurs universités et Grandes Écoles françaises (HEC, ESCP, Polytechnique, ESSEC, École des Mines, Centrale, SUPELEC….), sans parler des médecins et avocats. C’est un phénomène intéressant, face auquel des associations comme Gvahim (14) ou l’AAEGE Israel(15) , secondées par le gouvernement Israélien, arrivent à réaliser un excellent travail, en facilitant la reconnaissance de diplôme, la recherche d’emploi, et tout un tas de détails que l’Agence Juive ne peut pas, seule, tout le temps gérer. Si, Jadis, la Alyah s’accompagnait du fait qu’il fallait accepter de diviser son salaire par deux ou trois, pour beaucoup de jeunes diplômés (souvent hautement qualifiés), qui font le choix de venir, cet écart de salaire diminue considérablement, même si ça n’est pas une généralité et que ces conditions restent souvent dans le domaine de la High-Tech(13).
Ezra: Pour conclure je te propose de dresser le Bilan, cinq ans après ta venue en Israël?
Yonathan: Je suis vraiment très heureux (16) ,et j’envisage mon avenir ici. En dépit de tous les problèmes, comme la guerre par exemple, les difficultés d’adaptation face auxquelles j’ai dû, comme tout le monde, me confronter, je ne me vois nulle part ailleurs que dans le pays où coulent le lait, le miel, et les start-up.
Ezra:Mille Mercis cher Yonathan pour avoir répondu à nos questions.
Propos recueillis en Septembre 2014
NOTICES EXPLICATIVES
Remarque générale:il s’agit du sixième témoignage d’olé/ola de France publié dans ce site en Interviews-Bilans d’ “Alyah”:
(cf. https://www.alyah.fr/category/30/Interviews-Bilans+d%27+%22Alyah%22)
Elèves de Grandes Ecoles venus en Israël par centaines chaque année à partir de 2002 (1): La vague actuelle de la Aliyah des Anciens Elèves de Grandes Ecoles a commencé en 2002 au rythme de plusieurs centaines de olim par an et continue jusqu’à ce jour. Des 2003, L’AAEGE Israël, association des anciens élèves de grandes écoles élargie ultérieurement aux Universités a été créée pour soutenir et accompagner les Olim. Aujourd’hui ces Olim ont le plus souvent des positions clés en Israël.
Ezra(2):Ingénieur (Mines de Paris), expert en Traitement des Eaux, Alyah familiale (avec épouse et 3 enfants) en 1979 un des fondateurs de l’AAEGE Israel.https://www.alyah.fr/category/8/Ezra+Charles+BANOUN
Je suis arrivé en Israël pour faire un stage (3) : Je participe avec l’aide d’organisations bénévoles (GVAHIM Young Leaders et MASSA’) à trouver pour des étudiants juifs francophones des stages actifs dans des entreprises israéliennes dynamiques. Il suffit de m’écrire à banoun_e@netvision.net.il)
TECHNION (4) : Institut de Technologie D’Israël situé à Haïfa avec une réputation mondiale au niveau de l’enseignement et de la recherche: 18 facultés et Unités Académiques, près de 13,000 étudiants. Le Technion est classe mondialement à la 30eme place, parmi les Universités Technologiques d’Ingénierie.


Albert Einstein au TECHNION (1925).
HAIFA(5)
La plus grande ville d’Israel du Nord : 300,000 hab.au centre d’une métropole industrielle et urbaine de 600,000 hab. et d’une baie splendide!

Domaine de l’utilisation des outils mathématiques pour la gestion financière(6).Contrairement à Israël ou les étudiants des Universités et des Instituts Technologiques recherchent un emploi dans la recherche-développement, la direction du développement technologique, l’ingénierie et le management, en France, à l’heure actuelle, une grande partie des diplômés de grandes écoles sont attirés par des professions dans la gestion financière.
J’avais eu un parcours classique, Math-sup, Math-spé puis Grande École d’ingénieur(7). La préparation des concours d’entrée dans les Grandes Ecoles s’effectue dans les classes spéciales de Mathématiques Supérieures (Math. Sup.) puis de Mathématiques Spéciales (Math. Spé.).
Je me suis rendu compte de l’originalité et de l’intelligence des chercheurs en Israël(8). Pour s’adapter à Israël, il est indispensable de réaliser que la culture qui est à l’origine de l’approche israélienne (hébraïque et juive) est fondamentalement différente de celle développée en France (franco-chrétienne). Lorsque comme Yonathan, un olé le réalise il prend conscience “de l’originalité et de l’intelligence” de l’approche israélienne des problèmes et adhère au pays.
Analyse des objets en 3D (9):Il s’agit d’outils mathématiques pour permettre l’analyse d’objet sous leurs trois dimensions. A noter qu’il s’agit de développements avancés qui s’accompagnent de technologies innovatrices (imprimantes 3D).
Start-Up Nation (10) : Cet ouvrage dont les auteurs DAN SENOR et SAUL SINGER a eu un succès international et a été traduit en 20 langues. Il essaie de répondre à la question “Comment cela se fait qu’un pays de 7.1 million d’ha seulement , qui n’existe que depuis seulement 60 ans , qui est entouré d’ennemis, qui est en un état constant de guerre depuis sa création , et qui ne dispose pas de ressources naturelles , produise plus de sociétés de start-up companies que des grands pays en paix ,tels que le Japon, la Chine, L’Inde ,la Corée, le Canada et le Royaume Uni?” (cf. carte des START UP en Israël, http://startupnationbook.com/startup-map/
La réponse à la question est dans l’approche spécifique de la culture israélo-juive qu’a permis la renaissance de la Nation Israélienne sur sa terre.


J’ai aussi rencontré ma femme(11): la plupart des célibataires de France qui font leur Aliyah rencontrent leur futur conjoint, se marient, ont des enfants et créent un foyer juif en Israel ce qui bien entendu est beaucoup plus difficile en France.
Tel Aviv, ville que j’apprécie particulièrement et dans laquelle j’habite (12). La ville de Tel Aviv (415,000 hab.) est au cœur de la métropole urbaine du Centre (GOUSH DAN) regroupant près de 3.5 millions d’hab. avec une activité économique, culturelle et sociale de tout premier plan.

Et il y a même des personnes dont le salaire en Israel et supérieur à celui qu’on leur proposait en France, même si ça n’est pas une généralité et que ces conditions restent souvent dans le domaine de la High-Tech(13) : Le niveau du revenu national par an et par personne, en hausse permanente à court terme et à moyen terme en Israel est évalué en 2014 à plus de 40,000$ , c.à.d. le niveau français (40,500 $) en baisse permanente à court terme et à moyen terme . L’échelle des revenus est beaucoup plus large qu’en France : pour atteindre des revenus élevés il faut faire les preuves de ses capacités et la compréhension de la culture hebraico-israélienne en est une condition indispensable.
Gvahim (14) O.N.G. créée en 2005 pour soutenir l’intégration des olim diplômés en Israël (https://gvahim.org.il/) –GVAHIM est aujourd’hui anglophone.
AAEGE Israël (15) Association des Anciens Elèves de Grandes Ecoles et d’Universités en Israel. Association créée en 2003 par treize anciens des Ecoles des Mines pour soutenir l’intégration des olim diplômés en Israel (http://www.aaege-israel.org/) –Francophone.
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